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CEDEAO/UEMOA: Un sommet pour rien?

Aucune décision majeure n’aura été prise à l’issue du double sommet extraordinaire de la CEDEAO et de l’UEMOA. Ce sommet avait pourtant tout pour que des décisions fortes soient prises. Tous les chefs d’Etat de la CEDEAO étaient présents à Accra à l’exception du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée qui sont sous sanctions depuis les renversements de régime dans ces pays. Ces dernières semaines on a noté un rapprochement des positions entre le Mali et la CEDEAO qui au départ semblaient inconciliables. A la fin, ce sommet aura été inutile au regard des attentes.

 

Un espoir brisé à Accra: 

Ce double sommet extraordinaire de la CEDEAO/UEMOA, très attendu par les populations, suscitait un espoir. Beaucoup espéraient que les sanctions infligées au Mali par les deux organisations sous régionales seront levées ou du moins connaîtront un allègement. A la grande déception des populations du Mali et au-delà, les deux organisations ont décidé de maintenir les sanctions sur le Mali jusqu’au prochain sommet ordinaire de la CEDEAO prévu le 03 Juillet à Accra pour décider. Les chefs d’Etat du sénégalais et ivoiriens étaient favorables à un allègement des sanctions qui pèsent sur le Mali. Ces pays pays sentent aussi ces sanctions, car plus 80% des échanges du Mali se font avec ces deux pays. Le président nigérien Mohamed Bazoum maintient sa position radicale contre la junte militaire, les présidents nigérian et ghanéen se sont également opposés aux levées des sanctions. Ce point de divergence a puisque les décisions sont prises par consensus. La CEDEAO qui exige la prorogation de 12 à 16 mois se dit néanmoins satisfaite de la tournure des discussions, ces dernières mois.

Quiproquo entre médiateur et facilitateur:
Goodluck Jonathan occupe depuis 2020, le rôle de médiateur de la CEDEAO au Mali, Depuis le début des manifestations politiques qui ont conduit au coup d’État militaire contre le président Ibrahim Boubacar Keita. Il a effectué plusieurs missions au Mali sous la transition. Mali avait en début Mai dernier sollicité le président Faure Gnassingbé, afin de faciliter le dialogue avec la CEDEAO et plus largement avec l’ensemble de la communauté internationale. Même si la CEDEAO s’est réservée de réagir à cette sollicitation, la démarche de Faure Gnassingbé n’a pas été appréciée par plusieurs chefs d’Etats. A la veille du sommet extraordinaire de la CEDEAO à Accra, Goodluck Jonathan, médiateur de la CEDEAO s’était rendu au Mali pour une dernière rencontre avec le président de la transition avant le sommet. La durée du délai ne semblait plus être un point de divergence entre le Mali et la CEDEAO. C’est l’une des raisons pour lesquelles tout le monde croyait à la levée des sanctions lors de ce sommet. Les chefs d’État ont été divisés sur plusieurs points.

Le délai de la transition fixé à 24 mois au Mali:

Au départ le Mali avait proposé un délai de 5 ans, ce qui lui a valu ces sanctions en début d’année 2022. Entretemps ce délai a été plusieurs fois vu à la baisse par les autorités de transition. La dernière proposition en date est de 24 mois, un délai qui n’est toujours pas raisonnable, selon l’organisation sous régionale.  Si la CEDEAO/UEMOA maintiennent leurs sanctions par faute de consensus entre les chefs d’Etat, le Mali quant à lui reste intransigeant sur sa dernière proposition jugé inacceptable par la CEDEAO. Hier soir, le président de la transition décrète la prorogation de 24mois à compter du 26Mars dernier. Une décision qui vient confirmer les propos du premier ministre Choguel Kokala Maiga lors de son passage devant le CNT. Une décision qui risque de ne pas aplanir les tensions, c’est aussi une manière pour les autorités maliennes de ne pas perdre la face. La transition stagne depuis des mois faute de compromis avec la CEDEAO. Cela pourrait donner un cap à la transition

 

Bah Traoré Legrand 

Bah TRAORE Legrand

Je suis Blogueur. spécialiste des médias sociaux au et chercheur en désinformation en Afrique de l’Ouest, analyste politique et sécuritaire au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

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