Mali: La nébuleuse question de l’accord d’Alger fait débat
La signature de cet accord entre le gouvernement du Mali et les mouvements armés signataires aura été aussi difficile que sa mise en application. À travers cet accord de paix, les différentes parties devaient s’engager au retour à une paix globale et durable garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le Nord du Mali. Face au regard évolutif du conflit depuis une décennie sa mise en œuvre effective connaît des entraves. La signature qui suscitait un espoir, s’est transformée en désillusion. La transition qui avait promis d’appliquer l’accord tarde à s’exécuter. Après huit ans, l’application effective de l’accord se fait toujours attendre.
L’accord de paix issu du processus d’Alger signé en 2015 entre le gouvernement de la république du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA),constituée des groupes indépendantistes, et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger d’autre part, rassemblant les groupes armés maliens pro- gouvernementaux. Cet accord accuse du retard quant à sa mise en œuvre et certains mouvements de la société civile s’opposent même à son application. d’autres réclament sa relecture comme énoncé les recommandations du Dialogue National Inclusif(DNI) en 2019 et les Assises Nationales de la Refondation en décembre 2021. Or les dispositions finales de l’accord, qu’il ne peut y avoir de modifications qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires de l’accord et après avis du comité de suivi de l’accord(CSA) présidé par l’Algérie. Si l’accord prévoit le désarmement des groupes armés et redéploiement effectif des forces et défense et de sécurité, il doit être accompagné de réformes institutionnelles adéquates comme seuls gage de garantie pour les groupes signataires. A ce jour l’accord stagne et la situation sécuritaire ne s’est améliorée. Le premier ministre Choguel Kokala Maiga n’a cessé de rejeter l’accord avant d’être nommé à ce poste. Lors de la présentation de son plan d’action gouvernemental(PAG) devant le conseil national de Transition(CNT) en Juillet 2021, avait annoncé une mise en œuvre intelligente de l’accord, sans donner plus de détails. En octobre 2021 certains groupes armés signataires au sein de la CMA et de la Plateforme ont mis en place une nouvelle structure, le cadre stratégique permanent, qui n’est pourtant pas prévue par l’accord, lors de la réunion du CSA le colonel Ismael Wagué, Ministre la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix Réconciliation nationale avait montré son désarroi face à la création du Cadre stratégique permanent(CSP) avait demandé à la communauté internationale de ne pas les recevoir. Cet organe qui a pour but de créer une synergie des efforts en faveur de la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Les propos du Ministre ont entraîné une tension entre les mouvements signataires et leur principal interlocuteur. La rencontre de Rome entre le gouvernement malien et la CSP sous l’égide de l’ONG italienne Ara Pacis devait permettre d’enlever toute ambiguïté concernant le CSP et son bien fondé. Un accord de principe à été signé entre les groupes armés du Mali, réunis au sein du CSP et le gouvernement malien représenté par le ministre de la Réconciliation nationale Ismaël Wagué. A son retour de Rome le ministre quant à lui, à son retour de Rome a organisé une conférence de presse du 06 février 2022 sur son voyage, il a affirmé que le CSP qui réunit les mouvements signataires de l’Accord d’Alger n’est pas une partie de l’Accord et ne saurait s’y substituer et qu’il n’y a pas été question de l’accord d’Alger mais plutôt du CSP et de la forme qu’il devra prendre dans les mois à venir avec l’intégration de l’état malien. aucun communiqué officiel ni une copie de cet accord ont été publiés sur ce qui s’est passé à Rome. Cela montre à suffisance les divergences existantes entre les autorités de la transition et les groupes armés qui risque de complexifier davantage la situation car cet accord est devenu l’épine dorsale du Mali malgré la signature de l’accord, sa mise en œuvre pose toujours problème. Au lendemain de l’accord de Rome,
A la demande du premier ministre, un décret portant convocation du conseil national de transition en session extraordinaire a été pris par le président de la transition le 04 février pour se pencher sur plusieurs projets notamment celui portant institution de la police territoriale qui crée déjà une suspicion au sein de l’opinion publique malienne. Même si ce projet est renvoyé par le CNT, il n’est pourtant pas abandonné puisqu’il fait partie de l’accord.