Burkina Faso: Une réconciliation nationale possible avec le retour de Blaise?
Condamné à perpétuité en Avril dernier par contumace par la justice burkinabé pour l’assassinat de Thomas Sankara et de 12 de ses compagnons, Blaise Compaoré fait son grand retour au pays après 8ans d’exil en Côte d’Ivoire. Après la libération de Roch Kaboré, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba marque un grand coup avec cette visite controversée qui est loin d’être un retour définitif de celui là même qui a régné sur le Burkina Faso pendant près de trois décennies. Cela s’inscrit dans le cadre d’une rencontre entre anciens chefs d’états burkinabé pour parler de sécurité mais aussi de réconciliation nationale.
Nous sommes le 30 Octobre 2014, lors que des jeunes manifestants prirent d’assaut l’assemblée nationale qui s’apprêtait à réformer la constitution pour ouvrir la voie à un nouveau mandat présidentiel de Blaise Compaoré qui a dirigé avec une main de fer le Burkina Faso pendant 27ans suite au coup d’état sanglant qui a conduit à l’assassinat de Thomas Sankara. Pendant tout son règne, la mort de Thomas Sankara n’a cessé de hanter le pouvoir de Compaoré. Au lendemain des manifestations, Blaise Compaoré est poussé à la sortie par la rue, le numéro 2 du régiment de sécurité présidentielle(RSP) Yacouba Isaac Zida s’empare du pouvoir. Le président déchu est exfiltré par voie terrestre en Côte d’Ivoire où il vit depuis 8 ans. En octobre 2021, le procès Sankara s’ouvre à Ouagadougou après plus de trente ans d’attente. Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et Gilbert Diendéré, incarcéré et présent tout au long du procès ont été condamnés à perpétuité pour attentat à la sûreté de l’État et assassinat. Ce retour divise l’opinion nationale et pourrait exacerber les tensions au lieu d’apaiser climat social.
La réconciliation au détriment de la justice:
Malgré sa condamnation par la justice de son pays pour lassassinat de Thomas Sankara. Blaise Compaoré pendant toutes ces années a nié toute implication dans cet assassinat. Il a été convié à cette rencontre entre anciens chefs d’états du pays pour parler essentiellement de sécurité mais aussi de réconciliation nationale. Blaise est incontournable dans la vie politique du Burkina. En plus des années passées au pouvoir, il a su mettre en place une architecture sécuritaire qui a résisté au terrorisme au début de l’avènement du djihadisme expansionniste en 2012, 2013. L’ancien chef d’état Roch Marc Christian Kaboré à plusieurs fois accusé Blaise Compaoré d’avoir entretenu des liens avec les groupes armés terroristes qui attaquent le Burkina. Ce qui est certain c’est que l’une des conséquences directes de la chute de Compaoré est l’expansion du terrorisme face à une armée déstructurée.
Ce retour est loin de faire l’unanimité et la controverse que cela suscite risque de diviser davantage. Damiba se veut rassembleur du peuple burkinabé. Il est clair que sans justice il n’y aurait pas de réconciliation. Les longues expériences à la tête du Burkina Faso et son influence à l’époque dans la sous région peuvent être bénéfiques pour le président de la transition qui a été membre du RSP de Blaise Compaoré.
L’échec d’une Rencontre véritable entre anciens chefs d’Etat:
Depuis l’arrivée de la junte militaire au pouvoir, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée. Cette rencontre de haut niveau entre les anciens chefs d’Etat et Damiba. Dans le communiqué annonçant la venue de Blaise Compaoré, la présidence a indiqué que cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains ». Le lieutenant-colonel Damiba à travers cette initiative tente de créer l’union sacrée autour de son pouvoir. Le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida en exil au Canada qui à brièvement dirigé le Burkina après la démission de Blaise Compaoré a décliné l’invitation. Michel Kafando ne serait pas en état physique de se déplacer quant à Roch Marc Christian Kaboré renversé par Damiba lui-même en janvier dernier, sa maison est encerclée par ses partisans afin de l’empêcher de participer à cette mascarade.