Contrairement aux autres juntes militaires en Afrique, celle du Tchad ne subit nullement de pressions à six mois de la fin de la transition. Au lendemain de la mort au combat du président Idriss Deby maréchal du Tchad, une junte militaire dirigée par le général Mahamat Deby annonçait la prise du pouvoir pour une transition de 18 mois. Son fils lui succède sans écoper de sanctions de la part de la communauté internationale, une décision aux antipodes de ses principes et de la démocratie tant prônée.
Idriss Deby qui a dirigé le Tchad pendant trois décennies est mort des suites de blessures reçues au combat contre des rebelles du FACT qui menaçait son régime. L’annonce de sa mort a été fait par des hommes en treillis à la télévision tchadienne le 20 Avril 2021, alors qu’il venait d’être réélu pour son sixième mandat, Des officiers supérieure de l’armée, regroupés au sein du conseil militaire de transition(CNT), annonce la prise du pouvoir et la suspension de la Constitution et des institutions de la république. Ils promettent des élections libres et démocratiques après une transition de 18 mois. Le général Mahamat Deby est nommé président du CMT. Ce qui ressemble aussi bien à un coup d’état qu’à une succession dynastique, est passée sous silence par l’Union africaine et la communauté internationale qui ont justifié cette décision par le rôle que le dans la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans le Bassin du Lac Tchad et dans les régions du Sahel et la situation situation sécuritaire actuelle fragile, fluide et précaire au Tchad suite au décès du président Deby.
Le pays échappe à des sanctions Internationales contrairement aux autres pays comme le Mali ou le Soudan et plus récemment la Guinée Conakry et le Burkina Faso qui sont tous dirigés par des militaires. Le Tchad d’Idriss Deby était un partenaire stratégique de la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et son fils s’est lui aussi inscrit dans cette dynamique. Il est le seul putschiste de la région à prendre part aux sommets de hauts niveaux.
En février dernier lors du sommet de l’UA-UE à Bruxelles, le Tchad était bien présent mais aussi au Mini sommet à Paris sur le Sahel organisé par Paris qui a regroupé plusieurs pays de Sahel et du golfe de Guinée. les autres pays dirigés par des juntes n’y ont pas été conviés. A six mois de la fin du délai de la transition, l’impossibilité de l’organisation des élections dans le délai semble plausible. La transition s’est fixée comme objectif l’organisation d’un dialogue national inclusif, préalable à un retour à l’ordre constitutionnel. Le dialogue national inclusif stagne à cause du manque de compromis entre la junte militaire et les groupes politico-militaires. Ce qui risque d’entraîner une prorogation de la transition qui est prévue par la charte. En effet, la Charte de transition, dans son article 98 prévoit un renouvellement d’une fois de la transition. La communauté internationale semble avoir oublié la junte militaire au Tchad, pendant que les autres juntes sont sous pression internationale afin d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Ces situations sont inconfortables pour la communauté internationale et les organisations africaines qui sont de plus en plus critiquées par l’opinion publique quant à leurs gestions des crises.